La Corée à coeur, c'est y vivre depuis 27 ans et en parler de l'intérieur -
c'est une expérience unique pour un regard unique.
On parle beaucoup de la Corée du Sud, sans parfois bien la connaitre, aussi a-t-on parfois le sentiment d’une litanie de clichés venus de loin, qui parlent plus de nos fantasmes au sujet du pays du Matin calme que de la réalité de cet Orient extreme. La Corée change, beaucoup et vite, mais pas nos images a son sujet. Pour savoir ce qui se passe dans ce grand petit pays, qui de mieux placé qu’Ida Daussy, la Francaise la plus connue de Corée du Sud ?
Le récit d’Ida, professeure et personnalité médiatique locale, part de ses vingt-sept années de vie sud-coréenne en tant que femme et en tant qu’immigrée naturalisée, soudain divorcée et mere célibataire a la tete d’une famille multiculturelle. Cet ouvrage, écho d’une histoire vécue de l’intérieur, se veut a la fois inscrit dans cette expérience individuelle et largement ouvert aux questions sociétales, étayé de nombreux faits et de données précises concernant la Corée d’aujourd’hui et son évolution. Ida nous dresse un portrait sans fard et sans clichés de ce pays qui fascine, mais reste méconnu en France au-dela de l’actualité géopolitique ou des mélodies acidulées de la K-pop.
Le récit d’Ida, professeure et personnalité médiatique locale, part de ses vingt-sept années de vie sud-coréenne en tant que femme et en tant qu’immigrée naturalisée, soudain divorcée et mere célibataire a la tete d’une famille multiculturelle. Cet ouvrage, écho d’une histoire vécue de l’intérieur, se veut a la fois inscrit dans cette expérience individuelle et largement ouvert aux questions sociétales, étayé de nombreux faits et de données précises concernant la Corée d’aujourd’hui et son évolution. Ida nous dresse un portrait sans fard et sans clichés de ce pays qui fascine, mais reste méconnu en France au-dela de l’actualité géopolitique ou des mélodies acidulées de la K-pop.
Ida parle de "Corée à coeur" sur notre chaîne YouTube
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Découvrez en exclusivité des extraits du livre
1. Mon divorce, une "affaire d'Etat"...[…]
Je sors donc de la salle pour retrouver mon agent qui m’attend dans le hall du centre culturel et mon téléphone, que je viens de rallumer, vibre, vibre, vibre encore... On me bombarde de messages. J’essaie d’en lire quelques-uns en avancant vers June qui s’occupe de ma carriere médiatique depuis quelques années maintenant. 'Courage!'; 'On est avec toi'; 'Sois forte !', les messages arrivent encore ; tout en marchant, mes yeux vont de mon agent a mon téléphone qui vibre toujours. Je commence a angoisser. J’arrive devant June qui me dévisage, la mine déconfite. Je regarde a nouveau mon téléphone : 'Courage Ida dans cette épreuve !' me rapporte encore un message. Folle d’angoisse, j’interroge enfin mon agent, hyper gené : – Mais que se passe-t-il ? Quelqu’un est mort ? Qu’est-ce qu’il y a ? – On est partout sur Internet ! Tout le monde sait ! Tu as été paparazzée en sortant de chez ton avocate. Ils ont fait une enquête, tout le monde sait ! Vite ! Viens ! Tu dois tout de suite faire une conférence de presse ! Madame Ho a réservé une salle a l’hotel Marriott ; les journalistes t’attendent ; tu dois t’expliquer ! Vite, viens! Le ciel me tombe sur la tete. Une conférence de presse ? Madame Ho travaille avec mon agent pour gérer ma carriere médiatique. Ce que 'tout le monde ' vient de savoir, c’est que je viens de demander le divorce d’avec le pere de mes enfants ; divorce que je souhaitais, eu égard a ma notoriété médiatique locale, gérer dans la plus grande discrétion. C’est raté ! ' Une conférence de presse ? ' – Mais je ne suis pas prete ! Que vais-je dire !? Je ne voulais justement RIEN dire ! Mais que vais-je faire ? La panique me gagne ; nous arrivons jusqu’au parking du centre culturel et nous nous engouffrons dans la voiture. Je suis au bord des larmes ; mon téléphone vibre toujours des messages des copains et connaissances qui découvrent peu a peu la nouvelle, numéro 1 des recherches sur Naver, le plus grand portail Internet de Corée : 'Scoop ! Ida Daussy demande le divorce apres seize ans de vie commune !' June me passe son téléphone en démarrant. – C’est madame Ho ; elle veut te parler ; on file au Marriott ! La voiture s’engage vers la sortie, nous roulons. Je réponds a madame Ho, en larmes et en tremblant de tout mon corps : – Mais comment se fait-il que les journalistes aient appris la nouvelle ? Qui... – Arrete de pleurer ! coupe sechement madame Ho, pragmatique et directe comme a son habitude. Calme-toi ! C’est fait, ils savent ! La rumeur courait apparemment entre eux depuis quelques temps. Tu as été shootée en sortant de chez ton avocate ! Maintenant, avant que ca ne parte dans tous les sens, vous filez au Marriott, salle 23, au rez-de-chaussée, tous les journalistes t’y attendent ! Tu dois t’expliquer et mettre les choses au clair ! Calmement ! Je vous retrouve la-bas ! Je t’ai préparé des éléments de langage pour aller a l’essentiel et te 'dédouaner'. Reste calme ! On se retrouve la-bas ! Filez ! Alors que je raccroche en tremblant toujours autant, la voiture file déja sur le périphérique 88 en direction du quartier de Gangnam. Je fonds en larmes a l’arriere de la voiture. Mon nez enrhumé dégouline de plus belle, j’ai la tete qui tourne, c’est la panique, je pense fort a mes deux fils, Eugene, onze ans et Théophile, cinq ans, qui sont encore a l’école a l’heure qu’il est. La nouvelle de mon divorce vient de tomber aux mains des médias. Je dois faire une conférence de presse pour discuter d’un sujet ultra privé et délicat : 'mon divorce prochain' dans ma situation de 'star d’origine étrangere en Corée, mariée a un Coréen', situation ubuesque mais bien réelle ! Ce n’est pas un cauchemar, c’est ma vie et a ce moment, mon monde s’écroule. Mais qui suis-je donc pour mériter un tel traitement ? […] |
2. "Pour vous, c'est là-bas" : les défis de la Corée multiculturelle[…]
En provenance de France, nous venons d’atterrir à l’aéroport d’Incheon, en Corée, aéroport sacré le meilleur du monde depuis 2005, pour la douzième année consécutive, par le Conseil des aéroports internationaux. Il est huit heures du matin et le flot des passagers se dirige vers le service de contrôle des passeports. Nous venons de rentrer, mes fils et moi, de nos vacances d’été en Normandie. Chaque année, nous rentrons à Fécamp, revoir la famille, les amis – c’est toujours un réel bonheur ! Parfois, en cas de reportage vers la France, nous y retournons encore pour les fêtes et si l’occasion nous en est donnée, les vacances de février sont aussi le moment d’une petite échappée belle vers l'Asie du Sud au soleil. Nous passons donc par l’aéroport d’Incheon au moins deux à trois fois par an. Au moment du contrôle des passeports, comme dans tout aéroport, deux files principales se présentent à nous : file des passeports coréens et file des passeports étrangers. J’ai personnellement obtenu la nationalité coréenne du fait de mon mariage en Corée. Mes fils sont nés ici et ont donc eux aussi la nationalité locale en plus de la nationalité française. Techniquement, nous faisons partie de uri gukmin (notre peuple), en tant que ' pièce rapportée ' dans mon cas. N’en déplaise à certains, il n’empêche : je vis sur le territoire depuis 1991 avec toute ma famille proche, y travaille, respecte la loi, paie mes impôts, cotise pour ma retraite, fais tous mes placements... J’ai le passeport vert et m’aligne donc de facto dans la file des passeports coréens, à chaque retour de l’étranger et pourtant… À chaque fois, et j’insiste : à CHAQUE FOIS depuis vingt ans, je me fais tout d’abord arrêter par la jeune fille en hanbok (costume traditionnel) qui accueille et salue les nouveaux arrivants en Corée au moment du contrôle des passeports : – Annyeong hasimnikka ? (Bonjour) Un instant s’il vous plaît ! Vous, c’est là-bas ! déclare-t-elle en m’indiquant systématiquement la file des passeports étrangers. – Annyeong haseyo ? (Bonjour !) – Je rétorque souvent agacée, mais calme – Non, je ne crois pas ! Vérifiez vous-même ! dis-je en montrant mon passeport local. À chaque fois, elle me reconnaît, regarde mieux les enfants, s’excuse et nous laisse finalement passer, gênée. […] 3. La place des femmes en Corée[…]
Aujourd’hui, l’évolution est certaine. Alors qu’en 1987, les femmes ne représentaient ici que 28 % du total des élèves ou étudiants du collège à l’université, les filles sont aujourd’hui à égalité avec les garçons pour l’accès à l’éducation et excellent dans le domaine. De même, si en 1987 toujours, seulement 16 % des professeurs de lycées ou collèges étaient des femmes, celles-ci sont aujourd’hui largement représentées dans l’enseignement, plus de la moitié des avocats du pays sont des femmes et de plus en plus de juges sont encore des femmes ; cependant, il est regrettable de constater que dans de nombreux secteurs commerciaux ou industriels, elles sont souvent cantonnées à des emplois subalternes, secondaires, très souvent d’exécutant ou à des travaux administratifs. Surtout, il est triste de constater que seulement 2 % des positions managériales des dix plus grosses sociétés coréennes sont détenues par des femmes ; les derniers chiffres de l’OCDE en la matière montraient encore que, même si 42 % des femmes sont actives, 10 % seulement sont à des postes de managers, plaçant le pays en queue de peloton pour cette enquête. En politique, seulement 17 % des députés élus sont des femmes (là encore, score bien inférieur au score des pays asiatiques en général et des pays développés.) Comme je l’expliquais précédemment, ajoutons à cela une inégalité salariale de 37 % entre les genres, une inégalité rampante à l’embauche, une inégalité toujours manifeste au sein du foyer quand l’enfant paraît. Tout cela explique le piètre classement actuel de la Corée en matière d’égalité homme/femme dans le classement du Forum économique mondial : cent quinzième sur cent quarante-cinq, derrière les Émirats arabes unis. […] |
4. Le sexe en Corée
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Sur le sujet, chaque pays a ses codes de représentation et sa symbolique : l"’Inde représente par exemple souvent les relations sexuelles sous forme de poses de yoga ; en Mongolie, certaines scènes de sexe sont représentées à cheval ; en Chine, d’autres scènes ressemblent à de folles envolées épiques dignes de films de kung-fu. Au Japon, les relations sexuelles dépeignent souvent les protagonistes tout habillés, pour bien signifier le rang social des sujets, des symboles et détails d’objets-indices sont souvent disposés autour du couple, en pleine action et surtout, les sexes sont souvent représentés de manière exagérée (pour être plus visibles sur les, en général, très petites shunga, peintures de printemps).
En Corée, jeunes couples, nobles d’un certain âge et prostituées, ou encore gens du peuple sont en général représentés sur les chunwha polychromes, avec toujours beaucoup de finesse dans des décors simples – en pleine nature, dans le jardin ou la simplicité des pièces du hanok (maison coréenne). On découvre ainsi parfois quelques jeunes couples de nobles en pleine action. Les corps y sont parfois complètement ou partiellement vêtus auquel cas, le hanbok, le costume traditionnel, vaporeux, ne laisse apparaître ou joliment suggérer que quelques parties des corps. Certaines chunwha dépeignent aussi parfois des corps complètement nus, en plein coït (auquel cas la coiffure indique le rang social) ; les hommes de ces œuvres sont souvent plus âgés que leur partenaire. Les relations représentées sont en outre presque toujours hétérosexuelles, ou représentent quelquefois des relations de triolisme incluant évidemment, confucianisme oblige, deux femmes s’embrassant et un homme les honorant. L’ambiance de ces dessins est parfois teintée d’humour cynique ou naïf (un vieux yangban, noble, argumentant, nu, le sexe rétracté et le verre à la main, face à une très jeune gisaeng hilare, ou encore l’interrogation ingénue de deux jeunes femmes de nobles familles, regardant deux chiens copuler ou, de manière plus évidente, détaillant des estampes suggestives et interdites, le soir, à la lumière de la lampe à huile...). Des observateurs ou voyeurs font aussi souvent partie, à la dérobée, de certaines œuvres. […]
Sur le sujet, chaque pays a ses codes de représentation et sa symbolique : l"’Inde représente par exemple souvent les relations sexuelles sous forme de poses de yoga ; en Mongolie, certaines scènes de sexe sont représentées à cheval ; en Chine, d’autres scènes ressemblent à de folles envolées épiques dignes de films de kung-fu. Au Japon, les relations sexuelles dépeignent souvent les protagonistes tout habillés, pour bien signifier le rang social des sujets, des symboles et détails d’objets-indices sont souvent disposés autour du couple, en pleine action et surtout, les sexes sont souvent représentés de manière exagérée (pour être plus visibles sur les, en général, très petites shunga, peintures de printemps).
En Corée, jeunes couples, nobles d’un certain âge et prostituées, ou encore gens du peuple sont en général représentés sur les chunwha polychromes, avec toujours beaucoup de finesse dans des décors simples – en pleine nature, dans le jardin ou la simplicité des pièces du hanok (maison coréenne). On découvre ainsi parfois quelques jeunes couples de nobles en pleine action. Les corps y sont parfois complètement ou partiellement vêtus auquel cas, le hanbok, le costume traditionnel, vaporeux, ne laisse apparaître ou joliment suggérer que quelques parties des corps. Certaines chunwha dépeignent aussi parfois des corps complètement nus, en plein coït (auquel cas la coiffure indique le rang social) ; les hommes de ces œuvres sont souvent plus âgés que leur partenaire. Les relations représentées sont en outre presque toujours hétérosexuelles, ou représentent quelquefois des relations de triolisme incluant évidemment, confucianisme oblige, deux femmes s’embrassant et un homme les honorant. L’ambiance de ces dessins est parfois teintée d’humour cynique ou naïf (un vieux yangban, noble, argumentant, nu, le sexe rétracté et le verre à la main, face à une très jeune gisaeng hilare, ou encore l’interrogation ingénue de deux jeunes femmes de nobles familles, regardant deux chiens copuler ou, de manière plus évidente, détaillant des estampes suggestives et interdites, le soir, à la lumière de la lampe à huile...). Des observateurs ou voyeurs font aussi souvent partie, à la dérobée, de certaines œuvres. […]